top of page

RS SPORTS

Entraineur Trail | RS SPORTS Coach Trail Running

Préparation Physique et Football

La préparation physique et football

 

Le travail physique est là pour améliorer l’efficience de l’entraînement et non pour fatiguer les joueurs inutilement. La qualité passe à un moment par des efforts plus brefs que ceux de la compétition, même si ces efforts sont répétés. Pour un joueur de football, c’est le temps sur 10m qui est prépondérant. En effet, son accélération maximale (m/s) va permettre au joueur d’être soit en avance, soit en retard par rapport à son adversaire. Il existe plusieurs méthodes en préparation physique comme le stipule Gilles COMETTI (1).

 

On peut dire que chronologiquement nous sommes passés d’une préparation physique qui ne considérait que l’aspect énergétique des choses à une préparation physique qui prend en compte les interactions entre forces et mouvements et donc la coordination, la souplesse et le potentiel musculaire (2). 

Selon Michel Pradet, une qualité physique est « l’illustration de l’utilisation rationnelle qu’un individu fait de ses aptitudes et des habiletés qu’il a développées par son apprentissage ».

 

De manière traditionnelle, le football est découpé en quatre sous ensembles : la technique, la tactique, la condition physique et l’aspect mental. Cependant, il serait erroné de penser que la juxtaposition de ces éléments représente l’activité football dans sa globalité. En effet, ces quatre éléments interfèrent entre eux. Il est possible de démontrer cela dans le sens où tout travail technique ou tactique possède un coût énergétique qui doit être pris en compte lors de la planification.

 

Alexandre Dellal faisait état des différents facteurs de la performance en football, notions indispensables à développer, perfectionner, ajuster, contrôler et entretenir (3). Ces données concernent à la fois des paramètres physiques, techniques, tactiques, psychologiques et d’hygiène de vie. La condition physique est donc à la fois un moyen au service de l’activité mais aussi le fil rouge de cette activité. C’est à partir de ce constat que certains auteurs, dont Erik Monbaerts, ont élaboré pour une discipline telle que le football, une préparation physique intégrée.

 

Pour le joueur, la condition physique est un moyen d’optimiser sa dépense énergétique quand il pratique. Une équipe étant composée de plusieurs individualités évoluant à des postes différents, il faut individualiser la préparation physique pour chaque joueur en fonction de ses propres critères. Au préalable, afin de planifier le travail à effectuer, il est indispensable de réaliser de nombreux tests physiques afin d’étalonner le niveau de performance du joueur, et ce, dans un souci de progression et d’individualisation.

 

Christian Gross indiquait que « l’évaluation physique du footballeur permet à chaque entraîneur de pouvoir récolter des informations précises à chaque moment dans la saison. Compte tenu de certains paramètres, ces informations vont nous permettre de déterminer pour chaque joueur un profil type sur lequel nous allons travailler tout au long de la saison. Cela peut être un argument pour motiver ou sécuriser mes joueurs car ils savent que l’on va analyser leurs résultats afin d’individualiser les programmes d’entraînement »

Une saison sportive se décompose en plusieurs parties. La préparation estivale ou de pré-saison, est la partie la plus importante de la préparation physique. Elle va poser le socle sur lequel nous allons travailler durant toute l’année.

 

Si l’on prend le football, la préparation ne s’arrête pas aux 4 ou 5 premières semaines de la saison précédant la reprise officielle du championnat. En effet, le travail est déjà démarré en amont de cette reprise collective avec des programmes individualisés réalisés par chaque joueur, avant de retrouver les terrains. De plus, la préparation s’inscrit dans la continuité et sur 10 à 12 semaines.

 

La découpe de la préparation mise en place

 

La planification doit respecter plusieurs critères : fixer des objectifs clairs et réalisables, fixer des limites de temps (cycles, semaines, …), établir des priorités, contrôler l’évolution, vérifier la qualité de la progression et au besoin réajuster la planification. Dès lors, le programme annuel ne peut être établi d’un seul jet en début de saison ; il faut le modifier et le réajuster sans cesse en fonction des résultats obtenus, des observations faites lors des matchs. Pour R. Chanon « l’entraînement ne peut sérieusement être prévu plus de deux ou trois semaines à l’avance. Cela ne remet pas en cause la prévision car la réflexion sur l’entraînement prévu et l’entraînement réalisé entraînent l’expérience » (5).

 

Afin d’établir une planification de travail complète, en relation avec le sport pratiqué (ici le football), j’ai dû rechercher les différentes exigences que les joueurs allaient rencontrer. Qu’il s’agisse des contraintes physiologiques, musculaires ou articulaires. Il est indispensable de savoir comment fonctionne le corps est de quelle manière il est sollicité afin d’adapter le travail à mettre en place et ainsi tendre vers une préparation optimale. L’objectif est de répondre aux efforts induits par la pratique de ce sport en particulier, et non du sport en général, ainsi que de faire progresser mes sportifs.

J’ai mis en place un travail « général », ou global les deux premières semaines. La première semaine est un reconditionnement physique et physiologique qui comporte les tests physiques.

 

La préparation des sportifs afin d’être optimale, nécessite la mise en place de tests médicaux et physiques. Il faut en premier lieu établir une batterie de tests fonctionnels de mobilité, stabilité et patterns de mouvements afin d'établir une cartographie du joueur. Ensuite seulement, nous pouvons passer au tests physiques. Tous les tests physiques possèdent la même origine, l’analyse de l’activité, autrement dit, les efforts que cette dernière implique. Une fois cette étude réalisée, vient l’évaluation de chaque sportif. Il s’agit de déterminer les points forts, les points faibles, les déséquilibres et les déficits de chacun.

 

Ces évaluations permettent d’orienter le travail de préparation afin de développer les qualités physiques, mais aussi de prévenir l’apparition d’éventuelles blessures. L’individualisation du travail, grâce aux tests, est obligatoire car aucun athlète n’est semblable et ne possède le même potentiel physique, ni les mêmes qualités qu’un autre. Les tests mis en place en début de préparation vont donc permettre de savoir d’où l’on part afin d’orienter l’entraînement. Ils permettent également une préparation progressive et quantifiée. Un test se doit de remplir plusieurs critères : validité, c’est-à-dire mesurer ce pourquoi il a été créé ; fidélité, il doit être reproductible et donnera à chaque fois un résultat identique pour un même effort ; il se doit d’être accessible et pertinent, ce qui signifie en rapport avec les objectifs que l’on s’est fixés (6).

 

La seconde semaine nous avons mis en place un stage qui s’est achevé par notre premier match de préparation (tous les matchs mis en place en début de saison servent de base de travail. Il peut s’agir de base pour le travail athlétique, ou bien pour le travail technico-tactique. C’est donc un non sens de parler de matchs amicaux). Durant ce stage nous avons mis la base du travail en terme aérobie, de renforcement musculaire, de travail à haute intensité, ainsi que de la prévention des blessures. L’aspect prophylactique prend aujourd’hui une part non négligeable dans la planification, qui plus est avec le nombre important de matchs que l’on retrouve sur les 11 mois de la saison. Cet aspect prend cependant du temps et est un travail de longue haleine pour lequel les résultats se verront sur la durée.

 

La troisième semaine je continue d’intensifier les courses et de travailler sur la capacité à répéter les efforts. L’entraîneur principal s’attache lui au travail technico-tactique qui devient également de plus en plus intense. La conservation et les jeux réduits sont au centre du travail.

 

Les semaines 4 et 5 ont permis de jouer 2 matchs de préparation par semaine, qui permettent d’introduire une charge de travail supérieure. Pendant la dernière semaine (sixième), dite de régénération, ou d’affûtage, la charge de travail au cours de cette période est allégée, mais l’intensité est conservée. Son objectif est de diminuer la fatigue physiologique et psychologique et d’optimiser ainsi la performance (4).

 

Enfin les semaines 7 à 10, voir 12, ont été constituées d’exercices intermittents mixtes et de courte durée combinés à des jeux réduits et des conservations. Durant cette période nous avons également intensifié le travail de prévention des blessures.

 

Le reste de la saison, les semaines de travail dépendent du niveau de forme des joueurs, mais également de leurs profils. Ces profils sont déterminés grâce aux tests effectués en début de saison. Certaines semaines comportent des dominantes « vitesse », « force-vitesse », « puissance aérobie maximale » (6 x 2’30 jeu réduit + 6’ d’intermittent court qui varient selon le poste occupé), ou bien « rappel aérobie » (3 x 8’ à 80% de la vitesse maximal aérobie). Certaines semaines sont modulables selon le profil des sportifs (manque de puissance, fatigue (RPE), besoin de travailler d’avantage au niveau intermittent, etc).

 

La mise en place du RPE, basée sur l’échelle de BORG (sur 10) permet d’individualiser le travail selon les ressentis personnels de chaque joueur. En effet, cela permet d’obtenir des données chiffrées concernant l’état de fatigue des joueurs et ainsi de décharger pour certains afin de prévenir les blessures. A contrario, cela peut également permettre de charger davantage pour ceux n’ayant « pas assez travaillé ».

 

Pour certains clubs et selon le niveau, il peut également se poser des questions concernant les rencontres. Certaines peuvent être inscrites comme « impossibles à gagner » par le staff et servent de base de travail pour les matchs importants. En effet, si l’on prend l’exemple de la division 1 féminine, une équipe comme l’Olympique Lyonnais n’est objectivement pas accrochable pour 90% des clubs. Les charges de travail pendant ces semaines particulières peuvent permettre de préparer physiquement les matchs qui sont ciblés, même si cela implique d’être fatiguées pour les joueuses pour ces « gros matchs ».

 

Conclusion

 

Vous l’aurez compris, il n’existe pas de méthode miracle qui permette à un sportif de devenir un Superman. Cependant, certaines étapes sont indispensables pour l’élaboration d’une planification, dans le but d’optimiser au maximum le potentiel de ce dernier et de lui donner la chance de s’exprimer du mieux possible.

La première chose à faire est de prendre en compte les spécificités de l’activité dans laquelle notre sportif évolue (contraintes physiologiques, biomécaniques, psychologiques, technico-tactique, etc). Cette étude est primordiale pour travailler correctement et savoir ce qui attend notre sportif une fois sur le terrain. Vous le savez, il est en effet erroné de penser que la préparation d’un footballeur, d’un rugbyman ou d’un volleyeur est identique. Mais où vont-elles différer et pourquoi ? Qu’est-ce-qui me donnera les orientations à prendre pour la réalisation de la préparation physique d’un sport spécifiquement ? Qu’il s’agisse de l’aspect physiologique, biomécanique, traumatologique, psychologique, ou technico-tactique rien n’est à mettre de côté dans votre trame de travail.

 

 

 

Robin SUZANNE

Préparateur physique, Réathlétiseur

Analyste de performance

 

  • « La préparation physique en Football », Gilles COMETTI, 2002,

  • «  Préparation physique et Entraînement du Footballeur », Bernard TURPIN, 2002,

  • « Analyse de l’activité du footballeur et de ses conséquences dans l’orientation de l’entraînement », Alexandre DELLAL, 2008,

  • « L’affûtage », Laurent BOSQUET et Inigo MUJIKA, 2015,

  • Actes du congrès Euromédecine, R. CHANON, 1992, Montpellier,

  • « La bible de la préparation physique », Didier REISS et Pascal PREVOST, 2013.

 

bottom of page